Dans son bureau, au dernier étage de sa maison, sa « tour », Philippe Imbert est imperturbable. Il créé des grilles de mots-croisés, la pièce peut même en témoigner : Les murs sont recouverts de grilles, de brouillons, d’articles de presse et les armoires débordent d’archives. Ce verbicruciste se compare à un artisan des mots. Il refuse le numérique et construit ses grilles au crayon de bois et à la gomme. Philippe Imbert n’a pas de diplôme de mots-croisés, ça n’existe pas. Il joue avec les définitions depuis son plus jeune âge et maîtrise parfaitement la langue française et le langage populaire : « quand d’autres enfants écrivaient des poèmes, explique-t-il, je m’amusais à fabriquer des grilles. ».
Sa toute première est parue au mois de juin de l’année 1988, il avait 26 ans. Elle a été publiée dans un petit journal d’un village. « Imaginez un romancier et son premier roman ! Une première fois dans n’importe quel domaine ça reste une première fois, c’est quelque chose, cette première grille publiée ! », raconte-t-il ému. Depuis, le Ligérien a conservé quelques trésors : une grille en forme de ballon créée pour la coupe du monde de football, une en forme de téléphérique ou encore une qui célébrait le passage à l’euro. Depuis plus de 20 ans Philippe Imbert a toujours su trouver l’inspiration. Dans sa tête les idées fusent à la vitesse de la lumière : son quotidien, ses humeurs, l’actualité… Il travaille 10 à 12 heures par jour, 50 à 60 heures par semaine. « Il faut que le lecteur se dise : « Ah oui, pas mal, bien trouvé ! », s’il se dit ça, j’ai gagné. ».
Si au départ ce n’était qu’une passion, Philippe Imbert est devenu verbicruciste professionnel en 1997. Date à laquelle il a claqué la porte de l’usine où il travaillait. Les mots-croisés lui suffisent, ils débordent de commandes de la presse régionale. Mais le passionné reste secret sur son salaire, «Vous me donneriez tout l’or du monde je ne retournerai pas à l’usine, pas seulement pour le côté financier mais par rapport à mon petit Smic de l’époque, je gagne bien ma vie… Mais je ne compte pas mes heures ! ». A 55 ans, Philippe Imbert a dû mal à songer à la fin de son activité. Il sait pourtant que viendra le temps de la retraite, « je n’aurai plus de commande, mais c’est sûr que je ne pourrai pas m’arrêter », avoue-t-il. Alors, il créera des grilles pour le plaisir et prendra, peut-être enfin, le temps d’en remplir à son tour.
A.C.